Greg Howard
par Bruno Ricard


As tu déjà entendu parler de ce festival dédié au tapping (qui semble être unique au monde), auquel tu participeras en novembre prochain ?

Depuis deux ans, cet événement me rend extrêmement curieux. Je suis vraiment enchanté et honoré d’avoir été invité pour jouer. Il y a eu de très bons joueurs avant moi, aussi la qualité est plutôt élevée. Il est très étonnant d’avoir quelque part un festival de guitare tapping. Mais peut être qu’un jour, cela ne sera plus si inhabituel.

As tu déjà joué en France, et si oui, quelle a été la réaction des spectateurs ?

Cela fait des années que je souhaite jouer en France. Ca va être super de venir et de jouer pour de nouvelles personnes. Si tout le monde est aussi sympa que les joueurs de Stick français que j’ai eu l’occasion de rencontrer, je suis certain d’avoir un bon accueil.

Je sais que tu comptes venir jouer à Allaire en duo avec un batteur. Que peux tu nous dire ce musicien ? Es-tu habitué de cette formule en duo ? Et est-ce que ta configuration d’effets sur scène sera similaire à ta configuration habituelle ?

Jan Wolfkamp est le batteur avec qui j’ai enregistré en Hollande le CD "Lift" (Espresso, 2000) du Greg Howard Band. Nous avons fait des concerts en duo en Hollande ainsi que des tournées aux USA avec le groupe entier. C’est un musicien vraiment très complet, qui mélange des parties électroniques à son set acoustique. Il réalise des boucles de batterie en direct et en plus, il est très visuel.
J’apprécie de jouer avec des batteurs. Le fait d’avoir la possibilité de modifier le contexte harmonique instantanément rend la combinaison du duo très puissante.
En ce moment je travaille avec beaucoup de percussionnistes et de batteurs différents. Jan et moi avons un répertoire de morceaux issus de notre travail avec le groupe, et nous sommes tous deux intéressés par l’improvisation et la composition, "so it makes a good match" ( NDR : comprends pas ).

Mon set d’effets ne change pas selon les dates. Je préfère avoir les mêmes outils chaque fois que je joue. J’ai tendance à moins jouer le bloc basse, j’essaie de créer de l’espace et je laisse le batteur porter plus le groove que quand je joue seul.

Je sais que tu t’impliques dans la pédagogie lors des séminaires. Y a-t-il des points sur lesquels les étudiants te demandent d’insister plus particulièrement durant ces séminaires ?

Le point principal est comment développer l’indépendance entre les deux mains. J’ai une série d’exercices dédiés à cela. Je compare les deux mains à deux danseurs. Leurs danses peuvent être unifiées ou séparées, ou bien quelque chose entre les deux, mais le rendu global des deux danseurs est le but artistique. Que tu joues de manière indépendante ou interdépendante dépend de la musique que tu souhaites faire. "So you need to be able to put your technique at any point on the continuum at any time to best serve the music" ( NDR : j’arrive encore pas à traduire ).

Quelles sont tes sources d’inspiration en tant que compositeur et en tant que joueur de Stick ?

En tant que compositeur, ce sont les mélodies et les textures. Ma culture de claviériste m’a beaucoup appris sur la manière d’allier différents types de sons ensemble. J’ai programmé plusieurs patches de sons de cordes, des sons avec de longs délais, des orgues Hammond, de distorsions de guitare, de synthétiseurs (NDR : traduction plus qu’approximative...). Je considère l’improvisation comme un processus de composition. Sinon, cela peut finir par sonner flou et cliché.
Pour moi, une bonne composition est une composition qui reste en tête. Généralement, cela signifie qu’elle doit commencer dans la tête. Je crois que j’écris mes meilleures mélodies sans instrument. Si je peux m’en souvenir et que je les écrits sur papier, alors je n’ai pas à les chercher. Mais j’ai quelques morceaux que je n’ai jamais écrit ou joué. Ils sont simplement en moi en permanence. Un jour, elles seront prêtes à sortir.
Les arrangements doivent améliorer la composition et la faire briller. Quelquefois, la meilleure chose à faire est de rester simple, quelquefois non. C’est incroyable qu’après des milliers d’années de musique dans l’histoire de l’humanité, il soit encore possible d’écrire un morceau original.

En tant que joueur de Stick, I really relish the instrument’s responsiveness and intimacy. Je ne suis pas quelqu’un d’extraverti de nature, mais quand je branche l’instrument et que je commence à jouer, des idées et des émotions apparaissent comme si quelqu’un avait ouvert un robinet. Ce qu’il en sort est quelquefois confus, mais j’essaie toujours d’en faire quelque chose qui soit significatif. Quand je jouais du piano, une idée simple sonnait juste simple. Au Stick, cela sonne plus expressif et humain. On obtient en retour plus que la simple énergie que l’on a mis au départ.

Quelques mots sur tes projets pour les mois à venir...

J’ai un deuxième CD d’improvisation en concert qui sort cet automne, à partir de concerts que j’ai fait l’année passée. D’une certaine manière, il s’agit d’une séquelle du disque "Water on the moon" (1998). Il conclut une évolution de mon approche de l’improvisation. Mon son a beaucoup changé, car je joue un Grand Stick avec des micros différents (ACTV-2), et la musique est un peu plus abstraite. Ce CD devrait être disponible en novembre quand je serai à Allaire.
Je suis également en train de rééditer quelques plus vieux enregistrements. En février, cela fera 20 ans que j’ai commencé de jouer, aussi, ces versions seront comme des "Anniversary Series.". "Stick Figures" est le premier à être remixé et remasterisé, il devrait être disponible fin septembre, "Shapes", lui, sera disponible début 2005.
Je travaille aussi sur une seconde méthode et sur un DVD pédagogique, mais cela prend du temps.

As-tu un message pour tes futurs étudiants d’Allaire ?

Ils doivent se préparer à jouer avec plus de "force" que d’habitude. J’enseigne une technique "physique", et non pas la théorie ou l’harmonie. J’insiste sur ce que l’on peut faire avec les doigts, les mains, les bras et le corps pendant le jeu.
Je leur suggère aussi d’amener une ceinture séparée pour porter l’instrument, ce qui est important pour avoir une bonne position de jeu. Et je leur conseille d’installer de nouvelles cordes si celles-ci sont vraiment vieilles. Il est difficile d’avoir de bonnes sensations de jeu quand les cordes sont usées.
J’aimerai que chacun d’entre eux joue un morceau, même quelque chose de simple, comme ça, je pourrai regarder et écouter (sauf les débutants, qu’ils ne s’inquiètent pas...). Cela m’aidera à comprendre ce qu’ils ont à travailler et cela aidera les autres étudiants à voir différentes approches de jeu.

Merci au nom de l’équipe de l’AFSTG

Merci à vous. J’ai hâte de venir à Allaire !

Happy Tapping,
Greg