Ed Rehm
Pascal Gutman
par Bruno Ricard

Vous allez me dire… « Mais l’Groz, il a des actions chez la Gutman corp. ou quoi ? ». Certains vont se demander « Pourquoi un nouveau papier sur Pascal Gutman ? ».
Et bien, pour la simple et bonne raison que notre gazier vient de sortir un nouvel album, Ed Rehm, dix ans après le premier, Cascades (enfin, dix ans à vue de nez, car le petit malin n’avait pas mis de date sur ce premier disque).

Après le concert Soulstick qui restera dans les mémoires à plus d’un titre (j’ai du mal à croire que ce concert était le chant du cygne du festival INTERNATIONAL (merde !) de tape-guitare d’Allaire en France (et re-merde !), notre Pascal Gutman national fait de nouveau parler de lui en sortant un disque que je mets direct dans mon top 5 des « disques de Stick » (ouhlala, que je n’aime pas cette étiquette) et dans mon top 50 des disques de musique tout court (et vue la collection que je me traîne, je vous prie de croire que ce n’est pas une mince affaire !)

Ce disque s’inscrit dans la lignée du premier disque tout en s’en démarquant notablement (je peux difficilement être plus consensuel là…).

Les points communs sont en effet assez nombreux. A la manière de « Cascades », le disque débute par morceau introductif assez court que l’on retrouvera également en fin de disque, marquant ainsi le début et la fin du voyage. Car c’est bien de voyage dont il s’agit (c’est plutôt bon signe).
On navigue au gré des morceaux dans des ambiances différentes : l’écoute du disque vous emmènera en Argentine danser quelques pas de tango (« Prologue »), flotter dans l’atmosphère avec des titres très aériens (« Prélude », « Aurélie Mélitée », le bonus « L’éveil »), visiter des régions latino-celtiques (le superbe thème « Tihualpaca », joué en avant-première à Allaire), à des titres purement atmosphériques (« Prélude »), aborder des rivages plus inquiétants (« L’appel de la Forêt »).
S’il en est vraiment un, le cadavre exquis qu’est « Le Cas Davreski » n’en a pas l’air tant la fluidité de la pièce semble naturelle (méthode de composition assez particulière s’il en est), qui met en avant le son mythique de la Patch of Shade (trademark, droits réservés et copyright déposés, attention, on ne plaisante pas avec ça, hein…)
On enchaîne ensuite sur un titre vraiment étonnant, « Au moulin », qui, débutant sur une rythmique jouée avec des sons de percussions africaines, fait ensuite la part belle à des parties rythmiques de Stick assez vertigineuses qui risquent d’en renvoyer plus d’un dans leurs cordes (ce passage ainsi que quelques autres m’ont fait penser à la manière qu’a Emmett Chapman d’aborder son instrument).
L’antépénultième titre est une pure production gutmanienne avec ses harmonies qui font osciller l’auditeur entre luminosité et opacité, juste avant la reprise de « Prologue » (« Epilogue » si vous avez bien tout suivi).

Au rayon des nouveautés/curiosités, on notera un titre/pavé éponyme de près de 20 minutes découpé en 4 mouvements, oscillant entre parties atmosphériques et passages ésotérico-rythmiques (à laquelle mon inculture musicale ne me permet pas de rattacher des influences certaines, la seule chose que je sais, c’est que c’est du bon) pour finir sur un thème empreint de nostalgie.
Autre curiosité, les titres sont émaillés de passages parlés/chuchotés à partir de texte écrits par Jérôme Wacquiez, qui contribuent à faire de « Ed Rehm » plus qu’un disque de musique, mais une véritable expérience.

Avec « Ed Rehm », Pascal Gutman signe un disque plus diversifié que « Cascades », plus « épais », avec des arrangements plus aboutis encore (je mets ma main à couper que l’équipe Drossos-Rykiel-Gerintes-Deschamps qui entoure Pascal, la même que « Cascades », a plus activement participé à « Ed Rehm » qu’à son prédécesseur) et une instrumentation plus riche, qui met en avant des sons que j’aimerai entendre plus souvent, comme ce piano électrique sur « L’appel de la Forêt »,…)

Maintenant, espérons que ce disque sera activement défendu sur scène : si les prestations sont de la même trempe, ça devrait donner de beaux concerts ! Espérons aussi qu’il aura bientôt les honneurs de Dieu le Père et sa place sur la première page du website de Stick Enterprise... Et puis il ne reste qu’à croiser les doigts pour qu’il ne nous faille pas attendre encore dix ans pour un prochain disque !





Vous pouvez bien entendu commander ce disque sur le site officiel de Pascal : http://www.pascalgutman.com !